Je suis à l’affût de tout ce qui se passe d’intéressant pour le public dans notre bonne ville.
Aussi peut-on penser qu’hier soir j’assistais au cours de physique fait par M. E. Reynaud, devant un auditoire aussi nombreux qu’élégant.
J’ai déjà parlé de ces cours et j’ai dit tout ce que je pensais des remarquables essais de vulgarisation tentés par le jeune professeur.
Je n’insisterai donc pas sur la séance d’hier, car je ne veux pas déflorer ce sujet que traitera un de nos collaborateurs ordinaires, dans un compte-rendu sérieux et savant.
Ce que je noterai seulement en passant, c’est que le public d’hier soir n’est pas celui que je comptais voir à ces leçons. Je ne prétends certes pas que l’on doive fermer les portes de la salle à toutes les dames qui se pressaient dans la salle trop étroite de la mairie, elles étaient parfaitement à leur place, - mais il est un autre public pour lequel ces cours sont surtout faits, je veux parler des ouvriers intelligents, curieux de savoir, qu’ailleurs - à Paris, par exemple - on voit s’asseoir en foule aux cours professés au Conservatoire des Arts et Manufactures par les illustrations de la science française.
Voilà la vulgarisation, et c’est bien je crois, pour réunir ce public autour d’un professeur éminent que notre municipalité a pris l’initiative de ces cours.
Dans ce cas, les séances commencent de trop bonne heure, et la salle est trop petite.
Ce n’est pas un reproche que je fais, - Dieu me garde de récriminer ! -. Je voudrais seulement que l’on avisât et que, puisque notre municipalité a entre les mains une excellente occasion d’instruire et d’amuser, elle ne la laissât pas échapper. Autre question ? Pourquoi les séances ont-elles été si rares et si longuement espacées ? Combien des auditeurs avaient oublié hier les principes établis dans les leçons précédentes !
Quoiqu’il en soit, les efforts de M. Reynaud n’auront pas été infructueux, il a su montrer la science par ses côtés attrayants et intéresser un public impressionnable, il est vrai, mais aussi un peu vain.
Ce que j’espère, c’est que cette idée de cours publics portera ses fruits et que, l’année prochaine, notre municipalité en élargira encore le programme et donnera droit de cité à cette institution qui prend partout en France, en province et à Paris, une salutaire extension.
Moins de politique et plus de science, c’est par là que nous vous relèverons plus sûrement, car c’est par la science que nous avons été vaincus.