COURS DE SCIENCES NATURELLES

Nous essaierons de résumer ici l’intéressante et attrayante leçon qui, vendredi dernier, avait attiré dans la salle de notre Mairie une nombreuse affluence.
Après un coup d’œil rétrospectif sur les époques antérieures : - de transition, secondaire, tertiaire, - M. Reynaud nous fit l’exposé des grands phénomènes géologiques dont notre globe fut le théâtre pendant l’époque quaternaire.
Nous sommes, de nos jours encore, témoins des mêmes bouleversements qui, avec une bien plus grande violence, sans doute, ont troublé le calme de ces âges reculés : les éruptions volcaniques actuelles nous font comprendre les tourmentes d’alors. L’étude du sol, la configuration des terrains, la disposition des couches, nous révèlent aussi des phénomènes de soulèvement, de dislocation : ici, les strates sont inclinées, relevées ou comme tordues par l’action irrésistible d’une force intérieure ; là, des fissures immenses, des crevasses à engloutir un pays entier, sont remplies, comblées, par des filons, des brèches, des laves, autrefois liquéfiés sous l’action torride du noyau central ; de toutes parts, enfin, la surface, plissée, ridée, couverte de mamelons et de pustules, de montagnes et de volcans, nous dévoile, inscrite en ineffaçables caractères, l’histoire de cette époque tourmentée, mais grandiose !
Si, de nos jours encore, la lave bouillonnante s’échappe des flancs entr’ouverts de l‘Etna en Sicile, du Vésuve en Italie, de l‘Hékla en Islande, ou des cratères multiples du Jorullo et du Cotopaxi dans le Nouveau-Monde, l‘Auvergne, le Vivarais et notre Velay lui-même ne nous montrent-ils pas, presque à chaque étape, la coupe démantelée d’une ancienne cheminée, ou les bords arrondis et évasés d’un ancien cirque volcanique ? La chaîne des puys qui domine, comme une digue gigantesque, le plateau granitique de Clermont-Ferrand, a dégorgé ses laves, maintenant refroidies, sur toute la région avoisinante ! Et autour de nous, les coulées, les brèches volcaniques, les immenses dickes basaltiques, ne nous font-elles pas reconnaître partout, du Mezenc jusqu’à Miaune, dans les flancs de Denise et dans les rocs gigantesques de Corneille et de Saint-Michel, les foyers aujourd’hui glacés, qui ont éclairé jadis nos nuits des lueurs empourprées de leur embrasement ! Singulier phénomène ! Mystérieuse alternative ! Réaction inexpliquée que la science un jour éclairera de la perçante lumière de son flambeau !
A ces incendies immenses, à cette révolte du foyer intérieur, qu’une impuissante écorce ne peut contenir, à cette période où le feu exerce partout son empire, succède un brusque refroidissement ! Un froid subit étend son manteau glacé sur les continents : les ruisseaux, les rivières, les fleuves même, voient le “mouvant liquide” suspendu immobile entre leurs bords ! Nulle onde bienfaisante ne vient plus assouplir un sol durci par une si rigoureuse température : c’est la période glaciaire, dont les géologues retrouvent partout aujourd’hui les irrécusables vestiges.
C’est en étudiant les glaciers actuels (ceux des Alpes par exemple) ; c’est en examinant les traces que laisse leur passage sur le sol, les phénomènes particuliers qu’ils produisent et qui, témoins presque indestructibles, gardent longtemps après leur disparition le souvenir de leur passage, que les limites atteintes par les glaciers d’alors ont pu être retrouvées.
Nous ne pouvons décrire ici les belles recherches des Saussure, des Tyndall, sur les glaciers actuels.
Des nombreuses projections initièrent les auditeurs de la séance que nous racontons ici – trop brièvement sans doute, pour l’importance de son sujet – à ce transport lent des glaciers qui en fait de véritables “fleuves solides”, à ces stries, ces rayures parallèles que le frottement, sous l’énorme pression d’une pareille masse de glace, grave dans les roches les plus dures ; à ces moraines ou files alignées de graviers, de débris de rocs, de pierres de toutes sortes, charriés en ligne par la glissante rivière, qu’un mouvement presque insensible, mais continu, entraîne vers la plaine ; à ces blocs erratiques, transportés ainsi à de grandes distances, sans que la vivacité de leurs arêtes puisse être altérée dans ce singulier voyage !
L’espace nous fait défaut bien plus encore pour aborder le dernier chapitre de cette séance, celui qui, peut-être cependant, intéressa surtout le plus grand nombre d’entre nous : nous voulons parler d’un aperçu général sur la géologie du Velay. La configuration spéciale du bassin du Puy, telle que l’a si bien définie le créateur de notre géologie locale, Bertrand de Doue, fut exposée dans ses traits essentiels, grâce à une carte par projection, exécutée d’après celle qui termine l’ouvrage classique que le maître faisait paraître en 1823 sous le titre modeste de : Description géognostique des environs du Puy en Velay.
Pour appuyer ses démonstrations d’exemples authentiques, M. Reynaud avait eu l’heureuse pensée de reproduire par la photographie une série de dessins faits sous la direction même de notre regretté Bertrand de Doue, et qui devaient servir à illustrer une seconde édition de l’excellent travail de cet érudit géologue. Ces dessins, exécutés par un de nos artistes, M. V. Daniel, professeur de notre lycée, ont été très admirés pour leur scrupuleuse exactitude et leur pittoresque effet.
Une autre bonne fortune était réservée aux assistants : sur la proposition de M. F. Robert, conservateur des collections d’histoire naturelle de notre beau Musée, une visite aux galeries de géologie et de paléontologie fut décidée séance tenante. Cette visite a eu lieu, en effet, lundi dernier. En présence des spécimens, des échantillons de terrains, roches, fossiles, etc., etc. ;et, sous les yeux d’un groupe nombreux d’auditeurs attentifs, MM F. Robert et E. Reynaud donnèrent d’intéressantes explications sur les découvertes récentes, sur les richesses déjà rassemblées par nos patients chercheurs. Il appartenait à M. F. Robert, dont on connaît les persévérants travaux sur tout ce qui intéresse la science géologique de notre pays, de présenter au public les remarquables échantillons, presque tous recueillis de ses mains, de la faune et de la flore ensevelis dans notre sol jadis si bouleversé, et dont l’étude attire de plus en plus aujourd’hui l’attention des hommes d’étude et des penseurs.

COURS PUBLIC DE SCIENCES PHYSIQUES DE LA VILLE DU PUY
Séance du vendredi 22 janvier
(A 8 heures précises)

Le charbon ou carbone : diamant, graphite, plombagine, noir animal, etc.,
l’acide carbonique et l’oxyde de carbone,
le sulfure de carbone le chlore, l’iode, le phosphore.