Mercredi prochain, 10 janvier, doit s’ouvrir à la salle du Dôme le cours de sciences naturelles fait par M. Reynaud.

Chacune des soirées de cet hiver comprendra deux parties : une partie scientifique, une partie pittoresque. Nous voudrions appeler l’attention sur la partie scientifique qui aura pour objet l’étude de la cosmographie.
Explorer notre monde solaire ; suivre dans leurs régulières évolutions les planètes sœurs de la nôtre ; exposer cet ensemble de connaissances précises, aujourd’hui rassemblées sur notre groupe planétaire : tel est le cadre, à la fois vaste et restreint, où viendront se réunir, se grouper, les faits les plus merveilleux, les découvertes les plus récentes, présentés sous une forme simple, accessible aux esprits les moins préparés, et cependant toujours élevée, toujours scientifique en un mot.
L’importance d’un tel sujet ne peut échapper à personne. Les jeunes gens et les jeunes personnes en comprendront l’importance, aujourd’hui surtout que les éléments de la cosmographie sont exigibles pour les examens.
Mais c’est surtout aux gens du monde, croyons-nous, que devront plaire ces soirées, qui, d’ailleurs, leur sont spécialement destinées.
On ignore beaucoup trop, en effet, dans le public occupé par le tracas des affaires, quel admirable ensemble et quel sérieux attrait présente aujourd’hui l’étude, même élémentaire, de ce groupe d’astres dont notre terre fait partie.
Pour ne parler que de l’astre central, combien peu d’entre nous connaissent les études si belles du P. Secchi, l’infatigable observateur des faits et gestes du soleil ?
Combien peu d’entre nous sont à même de se faire une idée précise des merveilleux résultats dus aux patientes recherches de M. Janssen, l’intrépide voyageur qui, tant de fois, a traversé les mers pour chercher dans quelque lointaine contrée un coin de terre propice à ses études ?
Et cependant de ces travaux persévérants, de ces héroïques efforts, il nous est donné aujourd’hui de suivre, pas à pas, pour ainsi dire, la naissance, le développement et le jeu formidable de ces tempêtes solaires, de ces cyclones embrasés, qui ont pour théâtre de leur puissance les insondables abîmes d’un océan de feu !
Bien plus encore, il nous est donné aujourd’hui de pénétrer le mystère de la constitution intime de ce Soleil vivifiant ; il nous est donné de reconnaître dans les matériaux qui se tordent à sa surface, les mêmes éléments qui nous entourent, qui forment la charpente de l’écorce terrestre ! L’analyse spectrale a permis de créer une science dont le nom seul eût fait sourire nos pères : la chimie du Soleil !
Et parmi les astres qui forment comme le cortège du radieux foyer, que de spectacles attachants et grandioses ! Quelle harmonie et quelle variété dans ces globes gravitants, dans ces satellites sans cesse tournoyant, dans ces mystérieux anneaux ; dans ces poussières de monde, échappées pendant des siècles à l’investigation des hommes, aujourd’hui aperçues par centaines ; dans ces astres vagabonds, à la chevelure ardente, qui traversent notre monde, quelquefois sans retour !
Du Soleil à Neptune, tel est le titre que l’on pourrait donner à ce voyage parmi les mondes, à travers un milliard de lieues ! Voyage dont chaque station est une planète nouvelle ; voyage dont la route est ce champ éthéré de l’espace, tout rayonnant de la puissance et de la majesté divines !
C’est ce voyage au Soleil, c’est cette excursion au milieu des planètes et des satellites que M. Reynaud se propose d’exposer dans les leçons de cet hiver.
Avec le concours de la photographie astronomique, avec le secours des projections reproduisant fidèlement les spectacles du ciel, on peut comprendre l’intérêt que doit offrir ce programme.
On sait quel succès s’attacha, il y a plus de trente ans déjà, aux leçons d’astronomie populaire professées par Arago, à Paris ; aujourd’hui que des conquêtes récentes ont agrandi encore ce vaste domaine, aujourd’hui que ce champ s’est enrichi d’un merveilleux enchaînement de faits, nous pensons que le succès devra couronner les efforts tentés pour initier le public studieux à la science la plus ancienne dans ses origines, la plus parfaite dans ses méthodes, la plus féconde dans ses développements, la plus sublime dans son objet.

La souscription au Cours de sciences naturelles est ouverte chez Mme veuve Peyron, libraire, 41 place du Breuil.