COURS PUBLIC DE SCIENCES PHYSIQUES

La dernière séance du cours de sciences physiques avait pour sujet : l’air atmosphérique.
Dans un chapitre consacré à l’étude des phénomènes physiques de l’atmosphère, le professeur mit en évidence les propriétés de ce corps gazeux, que les anciens considéraient comme un élément impondérable.
A l’aide de la machine pneumatique, inventée par Otto de Guéricke vers le milieu du XVII° siècle, il est facile de constater la pesanteur de l’air.
L’expérience, répétée vendredi dernier, consiste à peser une cloche d’abord vide d’air, puis à y laisser rentrer l’air et à la peser de nouveau. L’excès du poids constaté alors met hors de doute la matérialité de l’atmosphère dans laquelle nous vivons.
La pression énorme que l’atmosphère exerce dans tous les sens à la surface de la terre, fut mise en évidence par d’ingénieuses expériences. On connaît celle des hémisphères de Magdebourg (ainsi nommés de la ville qu’habitait Otto de Guéricke). Deux demi-sphères creuses de cuivre sont réunies simplement l’une à l’autre par l’interposition d’un cuir mouillé. Aussitôt que l’air est extrait de la sphère ainsi formée, les deux demi-sphères se trouvent pressées l’une contre l’autre par tout le poids de la colonne atmosphérique qu’elles supportent ; et cette pression considérable n’étant plus contre-balancée par la force élastique équivalente de l’air intérieur, il devient impossible, sans un très violent effort, de séparer les deux parties de l’appareil.
Otto de Guéricke construisit une sphère d’un mètre environ de diamètre ; le vide étant fait dans l’intérieur, l’effort de vingt-quatre chevaux vigoureux ne put surmonter la pression de l’atmosphère qui appliquait l’une contre l’autre ses deux parties !
Après un rapide exposé de ces remarquables expériences, M. Reynaud aborda l’étude de la composition chimique de l’air.
On sait aujourd’hui que ce corps, que cet élément des anciens, n’est pas un corps simple, mais qu’il est formé d’un mélange de deux gaz : l‘oxygène et l‘azote.
C’est en constatant l’augmentation de poids de certains corps calcinés à l’air que les premiers chimistes furent mis, dans le courant du XVII° siècle, sur la voie de la véritable nature de l’air atmosphérique.
Un médecin du Périgord, Jean Rey, remarque, dès 1630, que l’étain chauffé à l’air augmente notablement de poids en même temps qu’il se transforme en une substance d’aspect terreux, à laquelle il donna le nom de chaux d’étain. Jean Rey sut attribuer à l’air l’augmentation de poids du métal. […]
Le célèbre chimiste français Lavoisier constata, vers 1772, que le poids de l’étain, fondu en vase clos, augmentait d’une quantité précisément égale à la diminution du poids de l’air qui existait dans ce vase clos, et dont une partie disparaissait pendant la calcination.
Cette remarque importante fut un trait de lumière pour Lavoisier. Il recommence aussitôt ces expériences en les variant avec la plus minutieuse précaution.
Enfin, il choisit pour métal le mercure et construit un appareil qui lui permet de mesurer exactement la perte éprouvée par un certain volume d’air en contact avec le métal chauffé. Ayant maintenu le mercure à une température voisine de son ébullition, il le voit se recouvrir de petites écailles rouges, à mesure que le volume de l’air diminuait dans le ballon. Après 12 jours de laborieuse attente, notre chimiste remarqua que l’air ne diminuait plus de volume et que les pellicules rouges avaient cessé de se former sur le métal. Examinant alors le gaz qui restait dans le ballon, il s’aperçut que ce gaz était impropre à l’entretien de la combustion et de la vie. Il avait découvert l‘azote, le gaz inerte de l’air.
Recueillant les pellicules rouges qui s’étaient formées sur le mercure, il les soumit à une chaleur plus forte qui en dégagea un gaz nouveau. Ce gaz, dans lequel les corps enflammés, loin de s’éteindre, brûlaient avec une prodigieuse vivacité, c’était l‘oxygène, le gaz actif de l’air, à l’état de pureté.
Le volume du gaz oxygène, dégagé du corps rouge (oxyde de mercure), était le cinquième environ du volume de l’air employé dans l’expérience ; le gaz d’azote formait les quatre autres cinquièmes. En réunissant dans une éprouvette quatre parties d’azote et une partie d’oxygène, Lavoisier reconstitua de nouveau cet air, pour ainsi dire, de toutes pièces et avec toutes ses précieuses qualités !
Telle fut la découverte mémorable qui mit à néant les fausses théories concernant la nature de l’air. Par l’observation scrupuleuse, par l’expérience poursuivie avec persévérance et précision, la génie d’un homme venait de ravir à la nature l’un de ses plus importants secrets !
Les procédés d’analyse de l’air par le phosphore brûlant et par le cuivre chauffé au rouge furent étudiés dans la séance que nous essayons de résumer. Enfin, l’examen des propriétés caractéristiques de l’oxygène et de l’azote, pris isolément, vint compléter cette intéressante esquisse d’un des chapitres les plus remarquables de la chimie moderne.
Les démonstrations et les expériences, que venaient animer fréquemment de saisissantes projections, nous ont paru suivies avec un vif intérêt par tout l’auditoire, toujours trop nombreux pour les dimensions de la salle de notre Mairie.

COURS ILLUSTRÉ DE SCIENCES NATURELLES
A L’HOTEL-DE-VILLE
Séance du vendredi 18 décembre
(à 8 heures précises du soir)

Le soleil, la terre et la lune : mouvements relatifs de ces trois astres.
Les éclipses : phénomènes remarquables des éclipses totales de soleil.
La terre d’autrefois et la terre d’aujourd’hui : esquisse des hypothèses de la science touchant les évolutions primitives de notre globe.

La 1ère leçon du cours de sciences naturelles (une brochure en-18 avec une planche de figures) est en vente chez Mme Veuve Peyron, libraire, place du Breuil.