Les leçons publiques que faisait à l’Hôtel de Ville M. Emile Reynaud, - leçons dont l’intérêt était si bien apprécié par un public assidu, - viennent d’être terminées.
M. Emile Reynaud, en achevant sa tâche annuelle, a résumé ainsi son enseignement :

Du Soleil à Neptune, tel est, disions-nous au début de cette étude, le programme du voyage que nous allons entreprendre ensemble. Aujourd’hui, au terme de ce voyage, nous avons essayé de résumer, de condenser, de lier, pour ainsi dire, cet ensemble dont successivement nous avons parcouru les étapes.
Essayons, en terminant, de faire dans vos esprits comme la synthèse du Monde solaire.
Représentons-nous l’astre-foyer, ses dimensions immenses, les ardeurs inextinguibles de sa surface embrasée – puis, à de bien grandes distances, les sphéroïdes qui, tournant dans le même sens autour du foyer central, tournent en même temps, et dans le même sens encore, sur eux-mêmes.
A mesure que par la pensée nous visitons chacune de ces planètes, nous nous éloignons de plus en plus de l’astre radieux. Aussi l’éclat du flambeau qui guide nos pas dans cette immensité, faiblit de plus en plus. Parvenus à Neptune, à un milliard de lieues du Soleil, celui-ci ne nous apparaît plus que comme une étoile dans les profondeurs du firmament.
Quelles dimensions énormes ! Quelles prodigieuses distances ! et cependant le monde solaire tout entier n’est qu’un point dans l’infini du ciel ! Lui-même, obéissant à une attraction supérieure, accomplit – on le sait aujourd’hui – sa route dans le champ de l’espace. Lui-même, c’est-à-dire le Soleil et tout son cortège : planètes, satellites, comètes, le système tout entier parcourt sur une orbite inconnue un trajet séculaire.
On a pu déterminer du moins la direction de ce mouvement, qui entraîne toutes les planètes et nous –mêmes. C’est vers un point de la constellation d’Hercule que se dirige notre monde et la vitesse de ce mouvement lui fait parcourir annuellement 60 millions de lieues.
Ainsi, sans doute, notre monde solaire mêle ses mouvements harmonieux à ceux des mondes stellaires, dont peut-être un jour nous essayerons de décrire ici les merveilles dévoilées par cette science, si noble et si belle : l’astronomie.
Oui ! cette science élève bien haut le génie de l’homme. Mais surtout elle nous transporte bien haut près du trône visible de la Divinité.
Oui ! nous pouvons tous être fiers de ces connaissances acquises, de ces prodigieux efforts du génie. Mais n’est-ce pas surtout par ce qu’ils nous permettent de mieux connaître l’œuvre divine que nous devons admirer les travaux des Keppler, des Newton, des Arago !
Et loin de nous enfler d’orgueil, sachons encore après toutes ces merveilles de l’intelligence, oui, sachons encore reconnaître la vanité de toute science purement humaine ; écrions-nous avec notre poète Delille :
Gloire au Dieu qui créa les mondes et Newton !