Nous publions ici l’allocution prononcée par M. Reynaud, après la distribution des récompenses :

En prenant la parole, je dois d’abord vous exprimer, messieurs, combien je suis touché de votre présence. Il était convenable, il était bon qu’à cette petite fête de l’intelligence assistassent les représentants de la religion, de la science, de l’instruction et de l’administration publiques ; et si j’ai éprouvé un grand plaisir à vous y convier, j’en éprouve un plus grand encore à vous voir au milieu de nous.
Je remercie particulièrement l’administrateur de notre cité, l’excellent docteur Morel, dont la paternelle sollicitude est acquise à tout progrès réel et qui, cette année encore, a bien voulu décerner lui-même à nos jeunes élèves ces modestes encouragements et y joindre le précieux témoignage de sa satisfaction.
Mais j’ai hâte de dire combien j’apprécie ce sympathique empressement du public, qui, ce soir, comme les années précédentes, se presse dans les enceintes.
Mesdames, Messieurs, Messieurs,
Nous ne voudrions pas rendre très sérieuse cette agréable soirée, permettez-nous cependant d’exposer rapidement devant vous l’objet du programme de cet hiver.
Après avoir, dans la première année du cours, étudié l’ensemble des phénomènes physiques, dans la seconde les principaux phénomènes chimiques ; après avoir encore, l’année suivante, recherché les lois qui régissent ces phénomènes et présenté comme la synthèse des forces naturelles, nous devons cette année aborder l’étude des applications de ces phénomènes et de ces lois.
Nous l’avons dit déjà, étudier les sciences physiques ce n’est pas autre chose qu’examiner les faits qui nous entourent ; mais les rapports intimes entre ces sciences et nos besoins de chaque jour seront, sans doute, surtout mis en lumière dans la série des leçons de cet hiver, où nous nous proposons d’appeler votre bienveillante attention sur les auxiliaires de nos travaux, sur les outils de nos ateliers, sur les engins de nos industries, sur les machines, en un mot.
Parler des machines, c’est aborder un vaste sujet, et peut-être devons-nous rassurer quelques-uns d’entre vous sur la matière ardue d’un enseignement de la mécanique. Nous sommes accoutumés à voir assister à ces leçons un grand nombre de dames et nous ne voudrions pas que ce sévère sujet les éloignât de nos réunions. Nous pensons même que notre nouveau programme de cet hiver doit leur offrir un certain attrait. Les dames peuvent-elles, en effet, rester indifférentes à tout ce qui touche à l’habitation, au vêtement, au chauffage, à l’alimentation, à l’hygiène, en un mot ?
Nous voudrions pouvoir aussi rassurer ceux d’entre vous qui craindraient de n’être pas suffisamment préparés pour profiter de l’enseignement de la plus technique des sciences.
Si la mécanique, en effet, doit ses développements et sa meilleure précision à l’usage habile de cet admirable outil de l’intelligence qui se nomme les mathématiques, le secret de ses applications qui, seules, devront ici nous occuper, est facilement accessible à tout esprit attentif, armé simplement du modeste bagage du calcul usuel et de la géométrie la plus élémentaire.
Ne craignons donc pas d’aborder ensemble cette “étude au point de vue pratique et industriel des applications des phénomènes physiques”. La mécanique est l’art d’utiliser les forces. Elle a spécialement pour objet l’étude du mouvement et de l’équilibre. Tout mouvement suppose un corps et une force agissant sur ce corps. Nombreuses et variées sont les forces en jeu dans la nature ; or, notre programme n’est autre chose que le classement méthodique de ces forces et de leurs applications les plus utilisées.
C’est tout d’abord la pesanteur, dont l’action se fait partout et incessamment sentir à la surface de la terre. Si nous demandions à l’un de ces enfants qui nous écoutent comment une pierre tombe dès que la main l’abandonne, il s’étonnerait peut-être de notre question, tant le phénomène de la chute des corps est habituel autour de nous. Cela pourtant ne se fait pas sans cause : ce n’est pas au hasard que s’accomplit ce simple phénomène qui conduisit Newton à la connaissance de la plus grande loi que le génie humain ait su découvrir !
Représentons-nous la terre dans l’espace. Voici l’image de ce globe, et voici quatre corps, quatre pierres, par exemple. (Une projection à mouvement accompagne les paroles du professeur.)
Supposons-les tout à coup abandonnées à elles-mêmes ; elles cèdent aussitôt à l’action de la pesanteur; elles se dirigent vers le centre ; elles tombent. Tomber, c’est donc se diriger vers le centre de la terre. Conservons le souvenir de ce fait que j’ai cherché à fixer dans vos esprits par une image matérielle :
Chaque pierre est ici un corps – la pierre en elle-même est inerte, - mais la pesanteur est une force et la conséquence de son action, ou le phénomène, est le mouvement.
Lorsque le corps était soutenu, c’était l‘équilibre. Dès qu’il fût abandonné à lui-même, son mouvement commença dans une certaine direction et avec une certaine vitesse. Produire et régulariser des mouvements, modifier leur direction et leur vitesse, c’est le but final de la plupart des machines dont l’étude est la tâche difficile que nous nous efforcerons de remplir cet hiver.
Nous croyons qu’un vif intérêt s’attache pour tous à cette étude, complément de nos précédentes leçons, et nous aurons atteint notre but si cet exposé simple, mais précis, des merveilleuses ressources que le travail matériel sous toutes ses formes emprunte aujourd’hui à la plus féconde des branches de la science appliquée, pouvait exciter autour de nous, dans l’esprit de nos jeunes artisans, des élèves de nos écoles, le goût des travaux industriels et contribuer ainsi à développer, dans notre pays, cette force vitale des sociétés modernes : l’Industrie.

Le professeur s’occupe ensuite du mode adopté dans ses leçons ; - il démontre, par d’intéressantes expériences, le mécanisme simple et les ressources puissantes de l’enseignement par les projections. Après avoir exposé la forme expérimentale et descriptive des leçons du Cours public, M. Reynaud, s’adressant aux élèves des écoles industrielles, ajoute :

Ces leçons du vendredi doivent être pour vous, jeunes gens, accompagnées de leçons plus techniques, où des interrogations et des rédactions permettront à l’élève de graver les faits dans sa mémoire et au maître de se rendre compte des efforts personnels.
C’est le but des leçons du Cours technique du jeudi, dont M. le Maire vous a indiqué toute l’importance, et qu’il vous exhortait à suivre en des termes qui doivent rester pour vous un encourageant souvenir.
Nous espérons, chers élèves, que ces leçons suivies avec régularité, écoutées avec attention, laisseront dans vos esprits des notions qui vous seront dans l’avenir d’un grand secours pour vos travaux.

Séance du vendredi 29 décembre 1876.
Notions sur les forces, le mouvement et l’équilibre. – La pesanteur considérée comme force motrice : Moutons, - Horloges à poids, - Plans automoteurs, etc., - L’homme-poids.

COURS ILLUSTRÉ DE SCIENCES NATURELLES

Séance le mercredi de chaque semaine, à 8 heures.

L’ouverture du Cours de sciences naturelles aura lieu le mercredi 10 janvier 1877.

PROGRAMME DE LA 3e ANNÉE.

Chacune des séances du Cours de sciences naturelles comprendra cette année deux parties :
Une partie scientifique, - LA COSMOGRAPHIE.
Une partie pittoresque, - LES MERVEILLES DE LA NATURE ET DES ARTS.

Partie scientifique :
Cosmographie. – Le monde solaire.
Description de notre système planétaire d’après les découvertes et les travaux les plus récents.
ETUDE SUR LA CONSTITUTION DU SOLEIL : Travaux du P. Secchi, etc. –
Les MÉTAUX DANS LE SOLEIL : Analyse spectrale de la lumière solaire.
LES PLANÈTES : Leurs mouvements ; hypothèses scientifiques sur leur constitution physique, etc.
LA TERRE ET LA LUNE
LES COMÈTESET LES ESSAIMS D’ASTEROÏDES
LES BOLIDES, LES AÉROLITHES, etc.

De nombreux tableaux par projection illustreront ces leçons de Cosmographie et mettront sous les yeux la fidèle reproduction des phénomènes célestes que peu de personnes ont l’occasion d’observer dans les grands instruments astronomiques.

Partie pittoresque :
Les merveilles de la nature et des arts.
VUES, SITES ET CURIOSITÉS NATURELLES.
MONUMENTS ANCIENS ET MODERNES
ARCHITECTURE
SCULPTURE
CHEFS D’ŒUVRE DE L’ART CHRÉTIEN, ETC.

Des projections de photographies d’après nature illustreront cette excursion artistique dans les cinq parties du monde.

On souscrit chez Mme veuve Peyron, libraire, 41 place du Breuil.