INAUGURATION AU PUY D’UN COURS PUBLIC DE PHYSIQUE, CHIMIE ET MÉCANIQUE APPLIQUÉES[1]

La séance d’ouverture du COURS PUBLIC de physique fondé par l’Administration des Écoles industrielles de la ville a eu lieu jeudi 11 décembre et une seconde leçon retardée de quelques jours par les fêtes de la Noël a été donnée samedi.
Un public nombreux et sympathique a répondu à notre appel ; dans chacune de ces deux soirées, une foule pressée avait envahi les sièges préparés dans la vaste Salle du Dôme qui s’est trouvée chaque fois trop exigüe.

La séance du 11 décembre fut ouverte par M. Verd Denandine, premier adjoint, faisant fonction de maire, qui prononça le discours suivant :

« Mesdames et Messieurs,
Depuis que les ÉCOLES INDUSTRIELLES ont passé sous le patronage et la direction de la VILLE, nous n’avons cessé de les entourer de notre sollicitude et d’améliorer leur service.
Aujourd’hui, nous allons plus loin, nous CRÉONS un nouveau COURS, un COURS DE CHIMIE et de PHYSIQUE ; vous en connaissez le programme qui a été affiché et dont la plupart d’entre vous ont reçu un exemplaire.
Ce Cours sera réglementaire, comme tous les autres, il aura lieu tous les quinze jours et les jeunes gens qui voudront le suivre, devront s’y faire inscrire.
Il sera public aussi, dans l’intérêt surtout des dames et des jeunes personnes que nous y convions et que nous serons toujours heureux de voir, comme ce soir, en grand nombre dans cette enceinte.
Qu’elles ne s’effraient pas trop des tours que pourra leur jouer le professeur habile qui va opérer sous leurs yeux ; c’est un compatriote qui a déjà fait ses preuves, dans la capitale où il a été fort apprécié par des SAVANTS.
Nous remercions M. Reynaud de la bonne volonté et du dévouement qu’il veut bien mettre à la disposition de la ville.
Pour nous, nous aurons atteint notre but si nous pouvons ajouter à l’œuvre commencée, une œuvre utile : INSTRUIRE EN AMUSANT.
Nous laissons la parole à M. Reynaud et le déclarons installé dans ses fonctions ».
M. Reynaud prit la parole et dans une simple mais lucide improvisation, exposa le plan général et le programme du Cours.
« Nous avons, dit-il, à nous occuper ici des phénomènes variés dont nous sommes témoins tous les jours. Qui peut ignorer aujourd’hui les découvertes de la Science moderne ?
Qui n’a intérêt à connaître les faits et les lois dont les applications ont créé les Merveilles de l’industrie ?
Présenter sous une forme simple, accessible à tous, des notions générales bien précises sur ces faits, sur ces lois, répondre ainsi à la légitime curiosité de tous ceux qu’inspirent le désir de connaître, le besoin d’élever leur intelligence et d’orner leur esprit. C’est là, notre tâche.
Notre programme comprend 3 sciences : la PHYSIQUE, la CHIMIE et la MÉCANIQUE, qui, liées par les plus étroites corrélations doivent être étudiées ensemble. »
Puis le professeur insista sur le caractère expérimental de ces leçons, dont la règle sera de mettre les phénomènes sous les yeux, dans la forme la plus simple et la plus saisissante, d’exposer aux regards de tous, des tableaux de grande dimension, vivement éclairés et représentant les faits de la nature, de la science ou de l’industrie.
Le public fut alors témoin de ces belles projections produites par la lumière oxhydrique et qui sont d’un si grand secours pour l’enseignement.
Sur un vaste écran, visible de toutes les parties de la Salle, se succédaient les dessins les plus nets et les plus précis.
La Parole du professeur, aidée de ces figures si lumineuses, était plus facile à saisir, la démonstration perdait sa sécheresse et ce fut pour le public un plaisir de suivre l’intéressante étude de la lumière elle-même employée dans ces expériences.

Dans la seconde soirée, M. Reynaud eut recours à une lumière plus puissante encore, la LUMIÈRE ÉLECTRIQUE. Une pile de 50 couples avait été préparée dans la Salle de la Mairie. On doit être heureux du succès de ces premières soirées. L’enseignement ne peut que gagner à se rendre attrayant et simple. Bien des secours s’offrent à ceux qui peuvent consacrer un long temps, un laborieux effort à l’étude.
Mais l’Administration municipale aura fondé une œuvre utile, si elle réussit à maintenir d’une façon permanente, dans notre ville, un cours public où la science soit accessible à tous.
On doit aussi constater qu’un très grand nombre de dames et de jeunes personnes se sont empressées d’assister à ces charmantes soirées et que tous les auditeurs se sont retirés enchantés et se promettant bien de revenir.

Source

Notes

[1] Certains mots ont été mis en évidence par Maurice Noverre, nous les retranscrivons tels quels