C'est avec une profonde émotion que j'ai appris le départ début septembre de Stephen Herbert. Il avait 71 ans et était de santé fragile depuis longtemps. Il fut un grand contributeur de la recherche sur les techniques autour de l'image animée et de la projection au sein de la Magic Lantern Society, du Museum of the Moving Image à Londres et impliqué dans de nombreux projets collaboratifs ou plus personnels, notamment autour de la figure d'Eadweard Muybridge ou de l'appareil dit Optilogue. Pour en savoir plus sur son parcours, je vous invite à aller lire l'hommage de Richard Crancle ou celui de Luke McKernan.

Pour ma part, il n'était alors qu'une des nombreuses petites pièces du grand puzzle multidimensionnel que sont les recherches autour d’Émile Reynaud, un des nombreux noms parmi ceux croisés dans les archives de l'association des Amis d’Émile Reynaud, quand nous nous sommes finalement rencontrés. C'était lors de l'exposition Lanterne magique et film peint, qui a eu lieue à la Cinémathèque française entre octobre 2009 et mars 2010. La joie de mettre enfin un visage sur son nom a dû se voir dans mon regard alors qu'il s'est présentaé à moi. Comme si la compréhension profonde que nous avions de la technique du Théâtre optique nous reliait déjà.

Stephen Herbert a en effet assuré les projections quotidiennes du Museum of Moving Image (MOMI), de la reconstitution de Théâtre optique réalisé par Paul Leeman, sur la commande de Pierre Levie entre 1987 et 1988. Cet appareil sera manipulé quotidiennement par plusieurs opérateurs qui se relaieront pendant une dizaine d’années. La copie projetable a été réalisée par Stephen Herbert à partir de 300 images redessinées sur les 636 images que comporte la bande originale de Autour d'une Cabine (et non pas de Pauvre Pierrot).
Lors de nos échanges, Stephen Herbert ne savait pas ce qu'était devenu cet appareil. Longtemps conservé dans les réserves du British Film Institute, cet appareil vient de rejoindre les collections des Archives françaises du film du CNC, grâce aux bons soins de Jean-Baptiste Garnero. Nous nous réjouissons à l'idée qu'il puisse à nouveau servir pour de nouvelles projections de Pantomimes lumineuses d’Émile Reynaud mais également pour d'éventuelles nouvelles créations.

Je reste infiniment reconnaissante à Stephen Herbert pour sa constante bienveillance lors de nos rencontres et dans nos échanges.