COURS PUBLIC DE SCIENCES PHYSIQUES

Au moment où nos intéressantes conférences scientifiques, interrompues pendant la semaine sainte, vont être reprises chaque vendredi, nos lecteurs nous sauront gré, sans doute, de continuer nos comptes rendus hebdomadaires.
Nous avons à résumer aujourd’hui la dernière leçon du cours de sciences physiques, dont le sujet était : les métaux.
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Il suffit, pour rappeler l’importance des métaux dans presque tous les travaux des hommes, de citer les noms du fer, du cuivre, du zinc, de l’étain, du plomb, de l’argent, de l’or. Il faudrait des volumes pour raconter leurs applications, pour décrire les mille et mille formes que sait leur donner l’art industriel moderne, afin de les transformer, au gré de ses besoins, en outils, en instruments divers.
Ce serait une étude pleine d’intérêt que celle des développements successifs de l’industrie, des sciences et des arts, envisagés dans leurs rapports avec les progrès de la métallurgie. On y suivrait pas à pas, pour ainsi dire, le déploiement parallèle et fécond des moyens de production et des exigences croissantes des sociétés modernes.
En même temps que partout l’activité industrielle et commerciale se développe, partout aussi les forces productives se multiplient, les moyens d’action se centuplent par des machines nouvelles, véritables organismes dont les membres et les muscles sont faits de ces métaux que l’homme apprend chaque jour à ravir aux entrailles même du sol ! L’histoire des métaux se lie à celle de tous les progrès humains !
Mais nous ne pouvons aborder ce vaste tableau où viendraient s’inscrire les plus opiniâtres efforts et les plus éclatants succès. Nous ne devons nous occuper ici que des caractères scientifiques qui nous apprendront à connaître les corps comme doit les connaître tout esprit désireux de saisir les grandes lignes, les traits principaux de la création inorganique. Notre tâche ainsi limitée sera moins difficile et nous n’aurons qu’à suivre l’exposé sommaire et lucide, fait par M. Reynaud, des caractères distinctifs des métaux et de leur action sur l’oxygène et sur l’eau.
Un aspect particulier, auquel on a donné le nom d’éclat métallique, nous permet de reconnaître, à première vue, un métal. Tout le monde connaît le blanc brillant de l’argent poli, le jaune orangé de l’or, etc.
Tous solides à la température ordinaire (sauf le mercure, qui est liquide sans cesser pour cela de jouir de l’éclat métallique), les métaux sont aussi tous opaques, c’est-à-dire qu’ils ne se laissent pas traverser par la lumière.
Cependant, réduits en lames ou feuilles d’une suffisante minceur, les métaux deviennent véritablement transparents. M. Reynaud rendit sensible, à tous les assistants, la belle lumière verte qui traverse une feuille d’or battu.
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La fusibilité des métaux nous offre des écarts plus considérables encore. Tandis que le mercure ne reste à l’état solide qu’à une température inférieure à 39° au-dessous de zéro, le platine est presque infusible au feu le plus violent. Dans la dernière séance, M. Reynaud employa le chalumeau à gaz oxy-hydrogène pour opérer la fusion d’un fil de platine. La température de cette fusion est évaluée à 2000 degrés. C’est la température extrême. […]
Il est des propriétés que l’on peut dire caractéristiques des métaux : celles de conduire la chaleur et l‘électricité.
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Une simple expérience de cabinet, répétée par le professeur dans la leçon que nous résumons, permet de constater la propriété conductrice des métaux pour l’électricité. Une pile et une sonnette électriques sont disposées dans la salle. Pour faire tinter la sonnette, il suffit de faire communiquer les fils de cuivre, qui y sont attachés, avec les pôles de la pile ; le cuivre conduit donc l’électricité. Place-t-on maintenant, entre la pile et le conducteur, une tige de fer, la sonnette tinte encore ; elle se fait entendre de même, si l’on remplace la tige de fer successivement par des tiges de zinc, de plomb, d’étain, de nickel, etc. Tous ces métaux sont donc conducteurs de l’électricité.
Interpose-t-on, au contraire, dans le circuit, un bâton de soufre ou de phosphore, un métalloïde en un mot, et la sonnette reste silencieuse ; c’est que les métalloïdes ne conduisent pas l’électricité.
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En terminant la séance, M. Reynaud aborda l’étude des métaux au point de vue de leurs propriétés chimiques, et exposa les faits principaux qui ont permis de classer ces métaux d’après leur affinité pour l’oxygène.
Avec beaucoup de lucidité et de précision concise, il sut présenter le tableau de l’échelle descendante d’oxydabilité […]
Cette inaltérabilité du platine fut mise en évidence, séance tenante, par une saisissante expérience. Tandis qu’une lame de cuivre, plongée quelques secondes dans la flamme du chalumeau aérhydrique, s’oxydait au point de devenir entièrement noire, une lame de platine, maintenue pendant plus d’une minute dans le foyer ardent, qui la portait à une éblouissante incandescence, sortait de cette épreuve aussi pure, aussi brillante que si elle venait d’être polie. Qualité précieuse, cette inaltérabilité, que l’industrie met chaque jour davantage à son profit !
Dans la prochaine séance, notre conférencier doit s’occuper de l’art d’extraire les métaux du sol et de les façonner à notre usage, c’est-à-dire des travaux des mines et de la métallurgie.

COURS DE SCIENCES NATURELLES
A L’HOTEL-DE-VILLE
9ème séance - vendredi 2 avril
(A 8h précises du soir)

CLASSIFICATION DES PLANTES : Méthode artificielle de Tournefort ; système de Linnée [sic]; méthode naturelle de Jussieu ;
LES PLANTES USUELLES : Description des principales familles végétales.
Les phanérogames dicotylédonées (plantes à fleurs apparentes et à plusieurs cotylédons).