Montage accompagnant la seconde adaptation de Pauvre Pierrot

Julien Pappé propose deux versions d’adaptation cinématographique de Pauvre Pierrot. La première, réalisée en 1991, est diffusée lors d’une soirée « Théma » sur la chaîne ARTE en octobre 1992 et projetée lors du Festival d’Annecy en juin 1993. Sur cette adaptation, Julien Pappé recadre les personnages en plans plus serrés et ajoute un plan sur Colombine qui se penche à sa fenêtre, semblant inviter Arlequin à la rejoindre. C'est cette version que l'on retrouve sur internet.

La deuxième adaptation en 1996 est celle projetée régulièrement[1]. C'est celle qui nous est montrée ici. L'ensemble est en plan général, sans recadrage.

Sur les deux adaptations, le mouvement et la musique sont les mêmes. La musique est celle composée à l'origine pour Pauvre Pierrot par Gaston Paulin et interprétée (piano, voix) par Sophie Nicolle.

Elle a été publiée sous le nom Adaptation cinématographique de "Pauvre Pierrot" par Julien Pappé sur la chaîne Vimeo de l'AFCA.


L'image de générique est un décor de Pauvre Pierrot refait au sein des Studio Magic-Films, inspiré du décor recréé par André Reynaud, fils cadet d'Émile Reynaud. La plaque de verre du décor original d'Émile Reynaud ayant disparu.
Les premières images montrent la bande originale de Autour d'une Cabine[2]. Le format de bande d'Émile Reynaud est facilement identifiable par les bandes de renfort en tissu noir en bordure de bande.
Toutes les autres images de bandes visibles sur le reste de la vidéo sont celles reconstituées par Julien Pappé. La musique est celle composée par Gaston Paulin pour Autour d'une Cabine[3].
Lorsque Julien Pappé parle de l'état des bandes originales en voix off, les images qui nous sont montrées sont celles de bandes reconstituées. Les traces d'usure que l'on peut y voir ont été produites suite à l'usage répété de ces bandes sur la reconstitution de Théâtre optique réalisée par Pierre Bracquemond et automatisé par Jacques Monestier pour le Musée Grévin[4]. Les projections étant quotidiennes (pendant une dizaine d'années) et l'automate ne pouvant arrêter sa projection comme le ferait un vrai manipulateur en cas de blocage de la bande, celle-ci subissait de forts dommages et devait être régulièrement renouvelée. Les coûts alors engendrés seront une des raisons avancées par le musée Grévin pour cesser ces projections. Aujourd'hui, le Théâtre optique du musée Grévin a été retiré des espaces d'exposition.
L'image où nous est indiqué la présence des frères Lumière et de Georges Méliès avec Émile Reynaud manipulant le Théâtre optique est une scène mise en place par le musée Grévin avec des figures de cire, la reconstitution de Théâtre optique de Pierre Bracquemond et l'automate de Jacques Monestier représentant Émile Reynaud. Contrairement à ce qui est indiqué, les deux frères Lumière sont les personnages assis devant le Théâtre optique et le personnage au fond indiqué comme étant Louis Lumière est en fait la figure de cire de Gabriel Thomas, Directeur administratif du musée Grévin à l'époque d'Émile Reynaud.

Carte blanche - Première partie


Elle a été publiée sous le nom Julien Pappé Forum 100 sur la chaîne Vimeo de l'AFCA.


Les adaptations cinématographiques de Julien Pappé

Beaucoup de confusion dans la présentation par Julien Pappé de ce qui a été montré aux spectateurs, ce soir là. Il annonce « une reconstitution du spectacle d'Émile Reynaud » qu'il présentait avec « sa machinerie ». Or, il ne me semble pas qu'il y ait eu au Forum des images aucune reconstitution de Théâtre optique qui puisse faire la projection, ni un pianiste jouant en direct, reconstituant ainsi le « spectacle d'Émile Reynaud ».
Ce qui a été montré ce soir-là, qui ne serait « pas un film, ce n'est pas une copie, ce n'est pas une restauration », ce sont en vérité ce que je me suis attaché à nommer depuis plusieurs années des « adaptations cinématographiques » introduisant ainsi l'idée qu'une modification a été nécessaire pour pouvoir transférer les images originales du médium « Théâtre optique » au médium « Cinématographique ». Introduire ainsi l'idée qu'il y a eu une remédiation[5] avec un parti pris et des choix de réalisation et que ces adaptations ne sont en réalité que l'interprétation que Julien Pappé en a fait, qui est peut-être fidèle, mais peut-être pas ou que partiellement. Il va lui-même, comme nous l'avons vu, proposer deux versions pour Pauvre Pierrot, deux interprétations.

Les Bandes reconstituées pour des reconstitutions de Théâtre optique

En plus des adaptations cinématographiques qu'il a réalisé des deux Pantomimes lumineuses d'Émile Reynaud, Julien Pappé va assurer pendant des années, la réalisation et la restauration de bandes aux formats de différentes reconstitutions de Théâtre optique en Europe. Cette bande reconstituée par Julien Pappé et ses collaborateurs et qu'il appelle un « simili » imite la bande originale d'Émile Reynaud : chaque pictogramme est photographié isolément depuis la bande originale sur diapositives 6x6 et sont ensuite réajustés un à un sur une bande continue d'un format de type 70mm. La bande est complété par un habillage pour donner une apparence proche de la bande originale. Enfin, des perforations sont réalisées sur toute la longueur.

Contrairement à ce que nous dit Julien Pappé, ses reconstitutions de bande ne sont pas les premières réalisées. Plusieurs bandes reconstituées de la Pantomime Pauvre Pierrot avaient déjà été faites au sein des Studios Martin‑Boschet, sur le même modèle pour les reconstitutions de Théâtre optique de Montréal (1967), de Bruxelles (1968) et d'Annecy (1971). Et c'est André Dyja qui travaille aux Archives françaises du film à la question de la réalisation de copie de conservation qui réalise les premières bandes reconstituées pour la reconstitution de Théâtre optique du musée Grévin en 1978. Julien Pappé interviendra rapidement mais dans un second temps lorsqu'il s'agira de renouveler ces bandes.

« Nous avons réparée un tout petit peu la table construite par Bracquemond à la Cinémathèque française ». La reconstitution que Pierre Bracquemond construit dès son arrivée à la Cinémathèque française en 1972 est déjà en mesure de fonctionner mais la bande originale de Autour d'une Cabine étant très fragile, il est trop risqué d'en faire directement la projection sans risque de détérioration. C'est là que Julien Pappé intervient. Il n'intervient pas directement dans le fonctionnement de l'appareil lui-même.

Lorsque Julien Pappé nous dit que « ces bandes peuvent rester 500 ans en bon état », nous savons déjà que les bandes qu'il a réalisé pour le Musée Grévin se sont usées avec le temps et l’usage[6]. Nous avons pu faire le même constat sur la bande conservée pour la reconstitution de Théâtre optique de la Cinematek (Cinémathèque royale de Belgique)[7]. Les différents composants de la bandes étant assemblées avec différents types d’adhésifs, ce matériau a été tout spécialement malmené par la chaleur des projections et le frottement des bandes à l'usage. Aujourd'hui, aucune des reconstitutions de Théâtre optique avec des bandes de Julien Pappé n'est utilisé pour faire des démonstrations.

Carte blanche - Deuxième partie

La vidéo commence par un anecdote de Julien Pappé au sujet d'un autre travail effectué sur un film de Bogdan Zoubovitch et revient aux Pantomimes d’Émile Reynaud à partir de la 41e seconde.


Elle a été publiée sous le nom Julien Pappé Forum 101 sur la chaîne Vimeo de l'AFCA.


Julien Pappé introduit Konstanty Udala, son collaborateur au sein des Studios Magic-Films qui assurera, assisté de Sébastien Tran la manipulation du Théâtre optique de Pierre Bracquemond pour la Cinémathèque française lors des commémorations de 1992 (centenaire des Pantomimes lumineuses) et de 1995 (centenaire du Cinématographe)[8]. Il fournit alors un témoignage rare mais indirect de la part d'interprétation que l'opérateur apporte à la projection[9].

Il évoque également les projections du MOMI[10] à Londres sur le Théâtre optique réalisé par Paul Leeman en 1988 sur la commande de Pierre Levie. Cet appareil sera manipulé quotidiennement par plusieurs opérateurs qui se relaieront pendant une dizaine d’années sous la direction de Stephen Herbert. La copie projetable a été réalisée par Stephen Herbert à partir de 300 des 636 images que comporte la bande originale de Autour d'une Cabine (et non pas de Pauvre Pierrot).

Notes

[1] disponible en DVD avec le livre Du praxinoscope au cellulo - Un demi-siècle de cinéma d'animation en France (1892-1948) - CNC (2007) sur les pionniers de l’animation proposé par les Archives françaises du film

[2] Cette bande a été vendue par la famille Reynaud en octobre 1948 au CNC, pour la Cinémathèque française, où elle est toujours conservée actuellement sauf la scène finale (16 poses) qui avait été donnée par la famille Reynaud à la Cinémathèque de Prague en 1926.

[3] Interprété par J.M. Bernard pour l'adaptation cinématographique de Autour d'une Cabine que Julien Pappé a réalisé pour la Cinémathèque française en 1986. Voir sur Cinéressources Les Restaurations de la Cinémathèque, Les Films projetés en 1986, page 14

[4] Voir notre dossier de Synthèse des reconstitutions de Théâtres optiques et des adaptations de Pantomimes lumineuses

[5] Voir Bulletin de liaison des Amis d'Émile Reynaud n°45, décembre 2010 - La remédiation des Pantomimes lumineuses d'Émile Reynaud par Christelle Odoux

[6] Une dizaine de bandes ont été nécessaire au fonctionnement de la reconstitution de Théâtre optique du musée Grévin pour une dizaine d'années

[7] Bande partielle de 54 poses de Autour d'une Cabine construite par Julien Pappé, prévue pour tourner en boucle, restauré 1 fois.

[8] l'accompagnement musical étant réalisé par la pianiste Sophie Nicolle

[9] Voir Christelle Odoux – La Technique du Théâtre optique d’Émile Reynaud – Inter-Lignes, Actes du colloque le Dessin animé ou les métamorphoses du réel qui s’est tenu à l’Institut Catholique de Toulouse les 7, 8 et 9 avril 2011

[10] The Museum of the Moving Image.